Cultures

L’indifférent

Dans le parc vaporeux où l’heure s’énamoure,
Les robes de satin et les sveltes manteaux
Se mêlent, reflétés au ciel calme des eaux,
Et c’est la fin d’un soir infini qu’on savoure.

Les éventails sont clos ; dans l’air silencieux
Un andante suave agonise en sourdine,
Et, comme l’eau qui tombe en la vasque voisine,
L’amour tombe dans l’âme et déborde des yeux.

Les grands cils allongés palpitent leurs tendresses ;
Fluides sous les mains s’arpègent les caresses ;
Et là-bas, s’effilant, solitaire et moqueur,

L’Indifférent, oh ! las d’Agnès ou de Lucile,
Sur la scène, d’un geste adorable et gracile,
Du bout de ses doigts fins sème un peu de son cœur.

Albert Samain (1858 – 1900), Au jardin de l’Infante


François Boucher (1703 – 1770), Les Charmes de la vie champêtre (détail)

2 réflexions au sujet de “L’indifférent”

  1. L’air est d’or. Le griffon de gueules se promène
    En proposant son coeur aux ondines des puits.
    Celle qui en voudrait, fût-ce pour une nuit,
    Serait sur cette terre une vraie souveraine.

    Or, son offre n’attire ondine ni sirène ;
    L’une, même, se moque en l’appelant « Trop cuit »,
    Une autre a beaucoup ri, une troisième a fui.
    Le griffon va, portant son grand coeur, et sa peine.

    Ce n’est pas aujourd’hui que, pleine de tendresse,
    Une amante viendra l’instruire de caresses ;
    Dans son corps, il devra réinstaller son coeur.

    L’ornithorynque rose a rejoint son compère
    Et dit « J’ai le remède à cela, je l’espère :
    Ce sont quelques flacons d’une douce liqueur. »

    1. Bienvenue Cochonfucius… Charmant sonnet – que j’imagine rempli de jeux de sons cryptiques sur lesquels je me pencherai à l’occasion. Si j’ai flâné convenablement sur votre site quelle belle bibliothèque vous possédez…

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