Cultures

Cinquantenaire

« Pendant l’Occupation, l’une des activités favorites de Céline fut d’écrire, souvent sous forme de lettres, pour les hebdomadaires les plus virulents de la collaboration; il reprochait vigoureusement aux Français, dans leurs colonnes, de ne pas faire preuve d’antisémitisme assez violent; il souhaitait ainsi voir les dénonciations se multiplier.

Ernst Jünger eut l’occasion de le rencontrer longuement à l’Institut allemand, par un après-midi de décembre 1941. Céline confia à son interlocuteur « combien il [était] surpris, stupéfait, que nous, soldats, nous ne fusillions pas, ne pendions pas, n’exterminions pas les juifs. […] stupéfait que quelqu’un disposant d’une baïonnette n’en fasse pas un usage illimité ». Et Céline d’ajouter : « Si je portais la baïonnette, je saurais ce que j’ai à faire. » Jünger écrit qu’il avait appris là quelque chose (après deux heures de conversation) : « la monstrueuse puissance du nihilisme ». Céline et ses semblables ne voyaient dans la science qu’un moyen de tuer d’autres gens. (On se demande toutefois s’il était vraiment nécessaire à un Allemand de traverser le Rhin pour rencontrer ce genre de personne.) »

Herbert R. Lottman, La Rive gauche

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Fabien Perronnet, Expression célinienne

Photo empruntée au site Le Petit Célinien

Vous avez du talent

Muguet

Je vous ai déjà parlé de la vaste et admirable entreprise de Martine L., qui brode un calendrier républicain. Martine a déjà utilisé quelques-unes de mes grilles, et elle vient de m’envoyer une photo de son muguet :

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J’avais conçu cette grille d’après une peinture sur bois (ceux qui me suivent depuis le début se souviennent peut-être que j’en ai proposé sur le site pendant quelques années) :

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Merci Martine de nous faire partager votre travail, et bravo pour votre projet !

La vie du site

Aménagements

J’ai procédé à quelques aménagements sur le site, dont je souhaiterais vous faire part.

Tout d’abord, étant donné la hausse des prix des produits DMC (+ 10 % en moyenne), j’ai pris la décision de retirer du catalogue les kits de point de croix. Je ne me voyais pas répercuter la hausse pour les 292 articles concernés, d’autant qu’au fil des mois la part des kits commandés par rapport aux diagrammes s’est considérablement réduite. L’intégralité des modèles reste bien sûr disponible sous forme de diagrammes imprimés en noir et blanc ou en couleur.

En ce qui concerne les travaux d’après photo, j’en suis à environ 35 heures de travail impayées – pour des raisons que je ne suis pas en mesure de m’expliquer, puisque les commanditaires font le choix courageux de rester sourds aux mails et autres relances. Si vous me trouvez mesquine travaillez une semaine entière pour votre patron contre rien en échange – au moins vous, vous aurez peut-être droit à une poignée de main – et dites-moi votre impression. Par conséquent, désormais, pour les clients avec qui je n’ai encore jamais travaillé, je demanderai un règlement par avance, que je n’encaisserai évidemment qu’une fois le travail terminé. J’ai fait confiance aux brodeuses pendant neuf ans, depuis quelques mois cette confiance est régulièrement trahie – maintenant ce sera à moi qu’il faudra se fier.

Bien entendu j’honore les commandes en cours aux conditions précédentes, mais à partir de ce jour chaque nouvelle commande sera entourée de quelques précautions. J’espère que vous comprenez.

Je remercie celles et ceux qui continuent de faire appel à mes services pour transformer leurs photos en diagrammes, et qui apprécient ce que je crée par ailleurs depuis 2002.

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Broderies

Birdhouse welcome

Une jolie grille de Dimensions parue il y a quelques années, un peu d’aïda 7, quelques échevettes, et c’est parti pour un nouvel en-cours, sur un coup de tête :

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Une fois terminé le tableau ressemblera à ça :

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PS : Annick, si tu dis « Encore un !!! » ça va mal aller 0144.gif

Cultures

Badineries

LA VÉRITÉ

[…] que voulez-vous que les hommes fassent de moi ? Le mensonge et la flatterie sont en si grand crédit parmi eux, qu’on est perdu dès qu’on se pique de m’honorer. Je ne suis bonne qu’à ruiner ceux qui me sont fidèles ; par exemple, la flatterie rajeunit les vieux et les vieilles. Moi, je leur donne l’âge qu’ils ont. Cette femme dont les cheveux blanchissent à son insu, singe maladroit de l’étourderie folâtre des jeunes femmes, qui provoque la médisance par des galanteries qu’elle ne peut faire aboutir, qui se lève avec un visage de cinquante ans, et qui voudrait que ce visage n’en eût que trente, quand elle est ajustée, ira-t-on lui dire : Madame, vous vous trompez dans votre calcul ; votre somme est de vingt ans plus forte ? non, sans doute ; ses amis souscrivent à la soustraction. Telle a la physionomie d’une guenon, qui se croit du moins jolie ; irez-vous mériter sa haine, en lui confiant à quoi elle ressemble pendant que, pour être un honnête homme auprès d’elle, il suffit de lui dire qu’elle est piquante ? Cet homme s’imagine être un esprit supérieur ; il se croit indispensablement obligé d’avoir raison partout ; il décide, il redresse les autres ; cependant ce n’est qu’un brouillon qui jouit d’une imagination déréglée. Ses amis feignent de l’admirer; pourquoi ? Ils en attendent, ou lui doivent, leur fortune.

L’AMOUR

Il faut bien prendre patience.

LA VÉRITÉ

Ainsi je n’ai plus que faire au monde. Cependant, comme la Flatterie est ma plus redoutable ennemie, et qu’en triomphant d’elle, je pourrais insensiblement rentrer dans tous mes honneurs, j’ai voulu m’humaniser : je me suis déguisée, comme vous voyez, mais j’ai perdu mon étalage : l’amour-propre des hommes est devenu d’une complexion si délicate, qu’il n’y a pas moyen de traiter avec lui ; il a fallu m’en revenir encore. Pour vous, mon bel enfant, il me semble que vous aviez un asile et le mariage.

L’AMOUR

Le mariage ! Y songez-vous ? Ne savez-vous pas que le devoir des gens mariés est de s’aimer ?

LA VÉRITÉ

Hé bien ! c’est à cause de cela que vous régnerez plus aisément parmi eux.

L’AMOUR

Soit ; mais des gens obligés de s’aimer ne me conviennent point. Belle occupation pour un espiègle comme moi, que de faire les volontés d’un contrat ; achevons de nous conter tout. Que venez-vous faire ici ?

LA VÉRITÉ

J’y viens exécuter un projet de vengeance ; voyez-vous ce puits ? Voilà le lieu de ma retraite ; je vais m’enfermer dedans.

L’AMOUR

Ah ! Ah ! Le proverbe sera donc vrai, qui dit que la Vérité est au fond du puits. Et comment entendez-vous vous venger, là ?

LA VÉRITÉ

Le voici. L’eau de ce puits va, par moi, recevoir une telle vertu, que quiconque en boira sera forcé de dire tout ce qu’il pense et de découvrir son cœur en toute occasion ; nous sommes près de Rome, on vient souvent se promener ici ; on y chasse ; le chasseur se désaltère ; et à succession de temps, je garnirai cette grande ville de gens naïfs, qui troubleront par leur franchise le commerce indigne de complaisance et de tromperie que la Flatterie y a introduit plus qu’ailleurs.

L’AMOUR

Nous allons donc être voisins ; car, pendant que votre rancune s’exercera dans ce puits, la mienne agira dans cet arbre. Je vais y entrer ; les fruits en sont beaux et bons, et me serviront à une petite malice qui sera tout à fait plaisante. Celui qui en mangera tombera subitement amoureux du premier objet qu’il apercevra. Que dites-vous de ce guet-apens ?

LA VÉRITÉ

Il est un peu fou.

L’AMOUR

Bon, il est digne de vous ; mais adieu, je vais dans mon arbre.

LA VÉRITÉ

Et moi, dans mon puits.

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (1688 – 1763), L’Amour et la Vérité

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Yves Cass (né en 1947), L’ange bleu